
Inauguration du Mur en souvenir des victimes juives du nazisme à Luxembourg
22.09.2025 / 19:05 | Aktualizováno: 22.09.2025 / 19:09
Le dimanche 21 septembre 2025, Chef de Mission adjoint Jiří Jílek, a participé à Luxembourg à l’inauguration solennelle du Mur en mémoire des victimes juives du nazisme, sur lequel sont gravés les noms de 1 225 victimes juives de l’Holocauste. Le monument se dresse à côté du mémorial existant du Kaddish, à l’endroit où se trouvait la synagogue jusqu’en 1941. La cérémonie commémorative a été organisée par l’association MemoShoah et a réuni des familles de victimes, des représentants de la Cour grand-ducale, du gouvernement, de la Ville de Luxembourg, du corps diplomatique ainsi que d’autres invités.
Selon Georges Santer, président de l’association MemoShoah, chaque nom gravé représente une vie anéantie mais non oubliée. La ministre de la Justice Elisabeth Margue a souligné que ce mur incarne le contraire du projet nazi de réduire les personnes à de simples numéros.
Les chiffres rappellent l’ampleur de la tragédie: Parmi les quelque 5 000 Juifs vivant au Luxembourg en 1940, 1 225 furent assassinés. 616 périrent directement dans les camps d’extermination, 450 après leur fuite en France et 92 en Belgique. Au total, 67 ne survécurent pas à la persécution : ils moururent dans des camps d’internement comme Gurs ou Drancy, au camp de Cinqfontaines ou par suicide. Parmi les victimes figuraient également des résistants juifs tombés en France et en Belgique.
La réalisation tardive de ce mémorial illustre l’intégration différée des victimes juives dans la culture commémorative luxembourgeoise. Alors qu’après 1945 des monuments furent érigés en hommage aux enrôlés de force et aux résistants, les victimes juives restèrent longtemps en marge de la mémoire collective. Ce n’est qu’en 2018 qu’un mémorial central de la Shoah, le « Kaddish » de l’artiste franco-israélien Shelomo Selinger, a été inauguré.
L’idée du Mur des Noms a émergé à la suite de « l’affaire des Stolpersteine » à Junglinster, où l’artiste berlinois Gunter Demnig avait pour la première fois dédié des pierres également aux enrôlés de force, ce qui suscita des critiques. L’ancien président de MemoShoah, Claude Marx, proposa alors la création d’un mur commémoratif distinct.
La cérémonie d’inauguration fut accompagnée de musique et de prières. Des jeunes ont présenté les parcours de vie de six victimes assassinées, dont Gaston Nathan Kahn, âgé de neuf ans, et Gitia Cuckier, âgée de dix-sept ans. Le clarinettiste Ben Shalom, de l’ensemble berlinois Lebensmelodien, interpréta des œuvres composées dans les ghettos et les camps, dont une berceuse de Terezín jouée pour la première fois en public. Enfin, le grand rabbin Alain Nacache a entonné les prières « El Male Rahamim » et « Kaddish ». Le monument restitue ainsi symboliquement une voix aux victimes et assure que leur mémoire ne s’éteindra pas.